Journée Paix et danse.
Bureau de l’UNESCO, Rabat le 27 septembre 2025
Mot de Mehdi Lahlou, FMTS.
Bienvenue chers amis/amies, de France, de Palestine et d’ailleurs au Maroc.
Mes remerciements à la représentation de l’UNESCO au Maghreb ainsi qu’au personnel de son bureau, qui nous reçoit ce matin à Rabat, ainsi qu’à la Commission nationale française de l’UNESCO, qui nous honore de son patronage pour la 2iéme année
Mesdames, messieurs,
La danse occupe, dans de nombreuses sociétés, une place centrale comme mode d’expression symbolique. Mais, loin d’être uniquement un divertissement, elle constitue un langage universel capable – dans ses diverses variations – de traduire des émotions, de transmettre des valeurs et de créer de multiples espaces de rencontre.
Contrairement aux mots, souvent soumis à des barrières linguistiques, parfois insurmontables, le mouvement du corps parle à tous. Il exprime des sentiments individuels et des récits collectifs de manière sensible et immédiate. Cela fait de la danse un vecteur privilégié de communication entre communautés différentes, particulièrement dans des contextes de diversité culturelle.
Chaque tradition chorégraphique porte en elle l’histoire, la mémoire et les valeurs d’un groupe social. Les danses rituelles, par exemple, inscrivent les individus dans une continuité entre passé et présent, reliant la communauté à ses ancêtres. En partageant ces pratiques lors de rencontres ou de festivals, les peuples exposent et valorisent leur diversité, créant un terrain favorable à la reconnaissance mutuelle. Ce processus participe à la consolidation d’une culture de paix fondée sur le respect et l’acceptation de l’autre (comme le soutient l’UNESCO, 2001).
Et lorsque des pratiques chorégraphiques différentes mettent en contact des individus ou des groupes aux origines variées et les engagent dans des expériences collectives, la danse devient un espace de dialogue corporel, où chacun apprend à « négocier » avec l’autre, à s’accorder sur des rythmes communs et à co-créer une œuvre partagée.
Dans les sociétés marquées par la guerre, l’exil et la peur – comme c’est le cas aujourd’hui en Ukraine ou en Palestine et comme cela nous est prouvé par la troupe palestinienne présente avec nous aujourd’hui – la danse, comme le chant, joue un rôle thérapeutique important.
La danse incarne une dimension festive et joyeuse, essentielle à la paix intérieure, et à la paix en général. Elle transforme les tensions en énergie créatrice, les peurs en mouvement collectif, les divisions en rythmes partagés. En ce sens, elle n’est pas seulement un outil de prévention ou de résolution des conflits, elle est aussi une manière de cultiver la paix comme état intérieur individuel et comme expérience vécue en communauté.
Chères toutes et tous,
Danse, culture et paix ne relèvent pas de sphères distinctes, et encore moins de sphères opposées. En réalité, elles s’entrecroisent dans une posture de relâchement et une dynamique commune de joie partagée. Une joie tirée des profondeurs du désespoir. En tant que langage universel, la danse favorise la communication et le dialogue interculturel. En tant que pratique culturelle, elle permet l’échange des mémoires collectives et valorise la diversité. En tant qu’expérience partagée, elle ouvre des chemins de guérison et de réconciliation. Elle constitue ainsi un instrument précieux pour construire une culture de paix fondée sur le respect et la reconnaissance mutuelle des droits à la justice, à l’égalité et à la dignité.
Pour autant, « Nous sommes entrés, désormais, dans une ère de perturbations irréfléchies et de souffrance humaine impitoyable. Regardez autour de vous. Les principes des Nations unies que vous avez mis en place sont assiégés. Les piliers de la paix et du progrès s’écroulent sous le poids de l’impunité, de l’inégalité, et de l’indifférence. Des nations souveraines envahies. La faim est utilisée comme arme. La vérité réduite au silence. La fumée qui s’élève de villes bombardées. La colère montante de sociétés fracturées ».
« La paix est notre première obligation. Mais aujourd’hui, les guerres font rage avec une barbarie que nous avions juré de ne plus jamais permettre. A travers le monde, nous voyons des pays agir comme si les règles ne s’appliquaient pas à eux. Nous voyons des humains traités comme moins que des humains. Et nous devons le dénoncer. L’impunité est la mère du chaos, et elle a donné naissance aux conflits les plus atroces de notre temps ».
Gaza, va entrer dans une « troisième année monstrueuse », « résultat de décisions qui défient l’humanité élémentaire ». « L’impunité prédomine. L’anarchie se propage. Cela entraîne le désordre, accélère la terreur et risque une mêlée nucléaire généralisée. Quand on ne rend plus de comptes, les cimetières se remplissent », a mis en garde M. Guterres[1].
Et cela doit cesser, nous voulons que cela cesse. Comme d’autres sont montés depuis près d’un mois sur cette flottille de la paix, appelée « Somoud-Résistance », pour venir en aide à Gaza, nous organisons cette journée pour dire combien la danse, le chant, la culture peuvent être des armes de pacification de masse. Des armes de paix par le mouvement, le geste, la parole en vue du retour à la sagesse.
La sagesse des braves. Celle qui construit la paix par le Droit, le droit international, et non la paix fictive par la force. Laquelle est, en définitive, le reflet ultime de l’inculture, de l’inhumanité.
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Article sur le site web de la FMTS-WFSW :
FR : https://fmts-wfsw.org/2025/11/journee-paix-et-danse/
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[1] Le secrétaire général de l’ONU dans son allocution devant la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, mardi 23 septembre 2025.